Hélas
J'avais été emballé par LA CHUTE D UNE NATION, formidable sage du même auteur, donnée il y quelques années dans ce même theatre de la MANUFACTURE DES ABBESSES. C'est donc avec confiance et impatience que j'attendais ce spectacle. La mise en scène figurant une salle de rédaction est pleine d'astuces séduisante. Elle accueille une pièce longue ( plus de deux heures) qui se veut préfigurer l'arrivée au pouvoir d'un président d'extême droite. Hélas le texte est très caricatural : des principes éthiques des journalistes aux mesures prises par le nouveau président, rien n'est crédible. Tout est excessif et primaire : d'un seul coup la justice est aux ordres ( c'est mal connaitre la magistrature et la force du 3ème pouvoir) le nouveau président envisage de déclencher une guerre pour un motif futile, le journaliste Ecolo se livre à des actions terroristes, les journalistes voient le nouveau président intervenir dans leurs affaires privées : divorce, garde de l'enfant, liaison homosexuelle, etc...et on enferme les immigrés qui ne sont pas "génération 3" ! Tout cela rend la pièce comique, tellement c'est ridicule et permet finalement , tellement les invraisemblances vont de mal en pis, de passer un moment plaisant ! Malheureusement les acteurs sont inégaux ce qui est parfois éprouvant pour le spectateur. Autant , CHUTE D'UNE NATION était servie par d'excellents acteurs qui nous faisaient vivre l'évènement - nous scotchait- autant ici les protagonistes ressemblent plus à des amateurs qui surjouent et ne cessent de crier ce qui finit par fatiguer. Sophie Vonlanthen n'est guère convaincante en patronne autoritaire et criarde, les autres actrices ne sont guère plus professionnelles. Marjorie Ciccone s'en tire mieux même si sa capacité à jouer plusieurs role n'est pas convancante : elle est franchement risible dans le role de "la folle à la vidéo" et même ridicule. Quant à Frédérique Lazarini, en bourgeoise très maquillée, elle a bien du mal et pas seulement à faire valoir son point de vue.... Du coté des hommes Morgan Perez, Frédéric Audran et Tewkik Snoussi ne déçoivent pas. REZEAU me semble avoir loupé le coche en présentant une oeuvre qui m'a rappelé Tintin chez les Soviets et dont l'excessif rappelle les brulots theatraux staliniens des années 50 destinés à faire croire au public au paradis communiste. Tout aussi primaire . Hélas.
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