Présentation
Je pense à La Baule-les-Pins. Ça ne me fait plus rien – il y a des choses auxquelles on tient qui ne tiennent à rien. Des gens aussi.
Autour de la grand-mère, les petits-enfants Louis et Julie s’agitent. Ces deux là voient leur père dégringoler, perdre pied, vaciller dans le tumulte de sa crise de la cinquantaine. Ils veulent convaincre l’aïeule Madeleine de reprendre les choses en main. Surveiller le patrimoine familial, gérer les biens immobiliers, liquidations en vue. On manipule, manigance, négocie. On trahit pour le bien plus ou moins commun. Les descendants paniquent dans leur horreur du vide, en proie à la peur de l’avenir dans une famille qui s’élargit, s’étend. Petites épargnes à la cave, grosse crise financière à la clé. Dans les dialogues mordants des réunions familiales noyées au vinaigre d’un quotidien frustrant, À l’Ouest épingle les dégâts collatéraux de la catastrophe économique de 2008. La famille se réunit fin décembre au bord de l’Océan Atlantique. On enterre ensemble une année pourrie, on vise la réconciliation dans les bourrasques et le sel marin. Là seulement on oubliera l’argent, quelques instants.
Nathalie Fillion écrit et met en scène depuis 1999 ses propres textes dont un retentissant Alex Legrand. Elle est l’un des membres fondateurs de La Coopérative d’Écriture qui réunit entre autres Fabrice Melquiot, Marion Aubert, Rémi De Vos, David Lescot, ou Pauline Sales. Elle imagine ici une saga intime et épique, dresse des portraits tendres et féroces de couples, frères et soeurs, jeunes amants et vieux mariés. Tous perdus dans un contexte dévasté par les cataclysmes contemporains : les épargnants roulés dans la farine et le cynisme des spéculateurs, la précarité, la perte de l’emploi ou de la mémoire. À l’Ouest s’attaque aux rapports à l’argent, de ceux qui n’en ont pas contre les rupins de la famille, des radins, des dispendieux, des effrayés, des je-m’en-foutistes de la classe moyenne de l’Europe occidentale.
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