Présentation
Je suis en train d’apprivoiser un épluche-légumes.
Une plage. Une belle blonde, plantureuse, presque nue, bronze et chante. Surgit une petite brune rabougrie, elle fait visiter le lieu qu’on prenait pour une plage à un jeune homme. L’endroit devient un appartement miteux où le jeune homme s’installe. Il est venu pour se foutre en l’air. Mais il se rate beaucoup. C’est la blonde de la plage qui l’arrête. Problème : tant qu’il vit encore, la brune rabougrie ne peut pas faire commerce de sa chair. Elle avait en effet organisé un service de restauration rapide, pour vendre des crêpes au goût de chair tendre, sa chair à lui : des crêpes au bon goût d’humanité. Mais le jeune homme, dans l’ombre de la blonde sensuelle, reprend goût à la vie petit à petit et en chanson. Dans La Chair des tristes culs, les morts et les vivants doivent apprendre à vivre ensemble. Ils s’engueulent et se rabibochent. On chante le bonheur des fessiers musclés et le bon goût des crêpes au beurre et à la chair fondante.
Dans ce truc tendre, dingue et drôle, cabaret foutraque et raffiné, les morts finissent par mourir tranquille, en amoureux, tandis que les vivants réapprennent à vivre en se souvenant qu’ils ne sont pas déjà morts. Dans ce jardin des délices, mêmes les brunes se réconcilient avec les blondes, c’est dire si la paix dans le monde est possible. Ici, l’auteur de Moi aussi je suis Catherine Deneuve et de J’existe (foutez-moi la paix) (au Rond-Point en 2009) fait sauter les crêpes dans un petit cabaret joyeux, et accompagne ses trois acteurs magiques et sensuels au piano électrique. Tout en chansons, en surprises, en sucre et en beurre, La Chair des tristes culs raconte la réconciliation des êtres, morts et vivants, enfants perdus et pères indignes. C’est une fête grinçante où revivent des figures humaines qui se côtoyaient jusque-là sans se voir et se croisaient sans se regarder.
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