Présentation
Son écoute des êtres, et son ironie pénétrante font résonner derrière le comique à peine voilé de l'imbroglio les harmoniques tragiques d'une histoire française de longue durée.
La pièce cartographie les subtils écarts ou les gouffres abyssaux – financiers, sociaux, éthiques – entre les protagonistes, dans un petit monde dont le propre semble être de ne s'étonner d'aucune disproportion.
“Oui j’essaie de creuser des galeries pour que l’air circule dans cet entassement de données.”
Si Michel Vinaver déclare trouver un charme irrésistible à l’affaire Bettencourt, c’est qu’il y voit réunis “tous les éléments d’un mythe”. Pour saisir cet écheveau indissolublement économique, politique, passionnel, il s’est nourri d’une documentation minutieuse. Mais la pièce va bien au-delà du théâtre documentaire. Le regard singulier de Vinaver, son écoute légèrement en retrait, son ironie pénétrante font résonner derrière le comique à peine voilé de l’affaire les harmoniques tragiques d’une histoire française de longue durée. Outre ses protagonistes bien connus, la pièce met en en scène deux des arrière grands-pères des petits-fils de la milliardaire : Eugène Schueller, chimiste créateur de L’Oréal, financier d’extrême droite avant-guerre ; et le rabbin Mayers, assassiné à Auschwitz. Bettencourt Boulevard fait la cartographie des subtils écarts ou des gouffres abyssaux – financiers, sociaux, éthiques – entre les êtres, dans un petit monde aux éclats longtemps étouffés, dont le propre semble être de ne s’étonner d’aucune disproportion. Grand connaisseur de l’oeuvre de Vinaver dont il a déjà mis en scène Par-dessus bord et Les Coréens, Christian Schiaretti créera la pièce au Théâtre National Populaire en début de saison avant la reprise à La Colline.
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