Pour nous conter l’histoire d’une idole qui vieillit, continue les concerts malgré la
lassitude, pour fuir le vide et éloigner le spectre de la mort, Hélène François et Emilie
Vandenameele, qui signent aussi la mise en scène, ont lâché la bride à leur imaginaire
en s’inspirant de la vie de Johnny Halliday. Le chanteur, son nom n’est pas prononcé,
parle de ses succès, de sa famille, de son goût pour l’alcool, les Gitanes et les
femmes, de ses tournées, du vide, de la solitude et de la tristesse qui suit la poussée
d’adrénaline sur scène. Á force de toujours vouloir vivre intensément, la star oublie
de vivre. Et à travers ce portrait s’impose l’idée que c’est le regard des spectateurs
qui construit l’idole, que celle-ci devient prisonnière de son image et n’arrive plus à
lui échapper.
Pierre-François Garel, cigarette aux lèvres, est assis devant une très longue table
encombrée de verres et de bouteilles occupant tout l’espace, comme pour combler le
vide dont le chanteur ne cesse d’avoir peur. Il se lève, fait de la muscu, fume, boit,
téléphone à sa femme, prend le micro et la pose du rocker. Il se révolte, s’emporte
contre ce qui l’entrave, revient sur son passé, ses concerts, ses rencontres, travaille
avec les meilleurs pour être le meilleur. L’acteur fait aussi passer le doute, le besoin
de flamber pour échapper à la solitude, une vie qui se résume de plus en plus à
combler le vide. Et quand tombent sur lui des paillettes, de la poussière et des billets,
tandis que retentissent clameurs et applaudissements, l’émotion nous emporte.
Micheline Rousselet - SNES
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