LE JOURNAL D'UN DISPARU

Qu’est-il arrivé à ce paysan qui croyait tout connaître des rudesses et des prodiges de la nature ? Pourquoi ne reconnaît-il plus le monde qui l’entoure ? Pourquoi ne trouve-t-il plus le repos ? Il lui a suffi d’entrevoir la jeune Tzigane tapie dans les broussailles pour devenir un autre homme. A-t-il perdu la raison, ou, au contraire, l’a-t-il enfin trouvée ? Si Janáček se prend de passion pour des poèmes anonymes publiés dans un quotidien de Brno, c’est qu’il y retrouve sa propre histoire. À l’âge de 63 ans, il vient de faire la connaissance de Kamila Stösslová, de trente-huit ans sa cadette, la puissance de ses propres sentiments le submerge, son monde entier vacille. À l’authenticité des poèmes comme à la vérité de son amour, il veut à tout prix croire… De cette révolution intime vont naître, sur le tard, ses oeuvres les plus poignantes, comme ce Journal d’un disparu, écrit entre 1917 et 1919. Une oeuvre atypique dans sa forme – qui réunit ténor, alto, piano et choeur de femmes – et qui bouleverse les frontières entre opéra et cycle de mélodies, entre allégorie et récit, entre charnel et spirituel. Portée par la musique de Janáček, l’histoire simple du paysan et de la Tzigane devient un roman musical, sincère et fulgurant, farouchement sentimental, où l’amour et l’altérité s’imposent comme révélations de l’univers.