Présentation
Je ferme les yeux pour voir les choses car on ne voit pas de la même façon les yeux ouverts, non ?
Artiste associé de la 64e édition du Festival d’Avignon avec Christoph Marthaler, le romancier-poète-dramaturge Olivier Cadiot présentait lors du dernier festival Un mage en été. L’auteur signe ici un "livre, entre les livres" dit-il. Il convoque son héros récurrent, Robinson. Seul en scène, l’homme se laisse imprégner par ses souvenirs, bribes de nostalgies, colères, bonheurs et anxiétés. Robinson a fui l’île déserte, il a quitté le château qui l’a réduit à l’esclavage. Le dandy du Retour définitif et durable de l’être aimé revient, debout, droit dans ses bottes, mais habité. Les images le traversent, un lac, une femme. La parole vive fuse. Mots en étoiles filantes, hypnotiques, imprévisibles. C’est une évocation, un rêve, un état second. "Dans ce texte, dit encore l’écrivain, notre héros Robinson ne bouge plus. Il s’enferme, il ne construit plus des cabanes dans les arbres. Son île est intérieure, il devient l’archéologue de sa vie quotidienne."
Comédien d’exception, Laurent Poitrenaux semble voler, flotter. Présence flamboyante dans une immobilité quasi permanente. Autour de lui, des sons travaillés au scalpel à l’Ircam, des images somptueuses envahissent l’espace. C’est un rêve traversé de paysages incompréhensibles, autres lieux et mondes inconnus. L’expérience est unique, résultat du trio exigeant et rare Cadiot, Lagarde, Poitrenaux, triumvirat inventeur de formes littéraires et scéniques, d’espaces sonores inouïs. Un mage en été déploie une partition de bruits ou de musiques depuis la voix déformée ou non d’un acteur puissant, figure d’une humanité suspendue au cœur d’une machinerie technique qui fabrique le rêve.
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