LA CONFESSION DU PASTEUR BURG

Tous ceux qui apprécient les performances d’acteurs seuls en scène seront comblés par la prestation de Frédéric Landenberg. Bien que souvent plus en force qu’en tension, il nous donne cependant à voir, comme habité, un personnage inquiétant, pasteur psychopathe, voulant porter l’holocauste parmi ses ouailles mécréantes. Et cela fonctionne, d’autant que la mise en scène, très travaillée, a su faire bouger le comédien pour éviter la lassitude d’une répétitivité dans l’interprétation. Alors on se laisse porter par cette histoire prenante d’un homme en proie à ses démons intérieurs.

Récompensé plusieurs fois pour son œuvre, Jacques Chessex reste, en Suisse, un écrivain sulfureux. Didier Nkebereza adapte son roman "La Confession du pasteur Burg", monologue brûlant et rageur d'un homme ravagé par l'idée du Mal et que son amour pour la belle Geneviève va peu à peu humaniser. Frédéric Landenberg campe cet homme torturé : son corps se crispe, se ferme, se tord dans les spasmes de l'angoisse. Il incarne aussi ses paroissiens, qui deviennent des caricatures à la Daumier. Le spectacle donne une image grotesque du calvinisme intransigeant et des Suisses. Peut-être ce poids du Mal et de la Faute si important en pays protestant nous touche-t-il moins en France ? L'adaptation, trop littéraire, n'emporte pas notre conviction malgré les qualités de l'acteur. <b>Sylviane Bernard-Gresh</b>