Affreux, sales et méchants
Dans ce spectacle, Elie poursuit avec talent et causticité sa caricature pleine de folie et d’intelligence de personnages pathétiques, bêtes, cruels, disjonctés et touchants aussi. On se détend, on rigole franchement et on passe un bon moment même si on sent également que le ton est un peu plus grave, aigre-doux, en lien avec l’air du temps. Les personnages du djihadiste et du maire fasciste sont particulièrement réussis. Pierre-André Gaillard (qui me faisait franchement marrer) est devenu, lui, un SDF pitoyable dont on a peine à vraiment rire de la situation. Mais ce qui est attachant avec Elie, c’est qu’au travers de ses sketchs que l’on peut prendre uniquement comme des farces au premier degré, il y a une belle profondeur et une sensibilité, masqués par sa pudeur. La folie, le ‘pétage de câble’ de ses personnages ramène souvent à l’absurdité et à la brutalité de certains événements de la vie (dont Elie lui-même n’a pas été épargné même s’il ne s’étend pas, subtilement, sur le sujet) . On se croirait parfois dans une comédie italienne des grandes années (affreux, sales et méchants), où rires et larmes sont subtilement mélangés et alternés, engendrant une émotion sincère et familière ainsi qu’un attachement pour la faiblesse et la fragilité des hommes. C’est donc un spectacle plein d’humanisme. Seul bémol, les sketchs et le spectacle sont courts et se succèdent sans temps morts ce qui donne parfois l’impression d’une certaine lassitude chez lui. Bref, connaissant les spectacles d’Elie en duo ou en solo depuis le début, on a le sentiment qu’il s’agit ici d’un spectacle de transition. Comme dans ce sketch où Elie imite un spectateur de la salle qui commente avec cruauté ce qu’il voit, il y a chez Elie une forme de doute et de crainte sur lui-même quant à la ‘place’ et à l’évolution de son humour et quant à la suite à donner à sa trajectoire d’artiste. Toujours est-il que c’est un bon petit moment à partager.
Voir plus