Carine Boutier (Caribou pour les intimes) en a pleuré de rire...
De l'humour, du rire, et des larmes (de rire ! ainsi que le voudrait Mme de Sévigné).
Carine Boutier, gentiment surnommée "Caribou" par ses proches, est un personnage de mise en abîme. Assise devant la scène, elle attend, confortablement installée sur son siège du Théâtre Gar'Hed. Elle ne se rend que rarement, à son grand dam, dans ces lieux où tout semble disparaître l'espace d'une heure ou deux pour laisser la place à une autre vie, une parenthèse bienvenue dans son quotidien.
Le rideau qui masque pour quelques instants encore l'identité de cette pièce qu'elle est venue voir avec sa famille laisse soudain apparaître une forme presqu'humaine. Celle-ci se meut alors discrètement, se pensant invisible, camouflée dans ce drap céleste, étincelant de mille feux de glace. Bientôt, se dit Caribou, le spectacle va débuter. Elle appréhende. Elle ne sait même pas de quoi cette parenthèse théâtrale parlera, à part quelques bribes de conversations glanées çà et là en écoutant d'une oreille distraite ses proches discuter au restaurant.
Ca y est. Les lumières s'éteignent, le rideau s'ouvre... Deux personnes sur un canapé, probablement un couple, semblent s'ignorer superbement... "Un vrai reflet de ma vie quotidienne", songe-t-elle.
Mais sa pensée est vite interrompue, car soudain tout s'enchaîne. Les personnages parlent, crient, bougent ! Ils s'excitent de tous les côtés et ils la font rire. Rire à en pleurer ! Caribou est emportée, c'est fini. Plus rien ne compte à présent. Oubliés, ses petits soucis de la vie. Elle est ailleurs. Dans une sorte de rêve. Elle se sent presque spectatrice de la vie d'un couple tellement proche de la réalité qu'elle connaît, qu'il n'en est que plus vrai.
Les personnages, tirade après boutade et boutade après tirade, semblent s'acharner, malgré eux, à lui crisper la mâchoire tant elle rit. Ils sont emportés par leurs textes, ils les incarnent, ils leur donnent vie.
Les nuits de quelques secondes qui permettent aux mois de s'écouler laissent à notre tendre héroïne un bref instant de répit pour sécher ses larmes de rire, avant que tout ne recommence. Elle assiste à une autre scène, à un autre moment de la vie de ce couple, et rit de plus belle. Les larmes lui viennent, sa mâchoire est douloureuse, mais elle s'en fiche, elle garde un sourire constant sur le visage et rit aux éclats à chaque réplique et chaque attitude des personnages.
Puis vient la fin... Déjà fini ?! Oh, et puis ce n'est pas grave. Caribou est tellement heureuse, elle a tellement ri, qu'elle en est reconnaissante aux acteurs. Quand ceux-ci viennent saluer le public qui les couvre bruyamment d'applaudissements incessants, elle a envie de se lever, de leur crier "bravo !!", "merci !!".
Caribou quitte la salle du Théâtre Gar'Hed le coeur léger, le sourire encore figé sur son visage, les yeux rêveurs... "Merci à vous", pense-t-elle en imaginant s'adresser aux acteurs, "jamais, vraiment, je n'ai autant ri !"
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