On n'a pas envie d'applaudir...
On n'a pas envie d'applaudir. On veut juste écouter, ne rien manquer des mots que prononce Tatiana Rojo. Ce qu'elle décrit, c'est la vie de Michelle, célibataire, qui s'occupe de ses quatre filles, pour qui elle espère un meilleur avenir au travers de mariages féeriques. Si ces plans ne se déroulent pas comme prévues et que l'espoir qu'elle place en ces filles n'est pas fructueux, elle continue d'avoir la foi. Mais si les signes célestes sur lesquels elle fantasme ne l'atteignent pas, elle garde dans son cœur l'arme la plus puissante : l'amour. Car au delà du portrait social que peint Tatiana Rojo, loin des stéréotype, plein de justesse, c'est avant tout l'histoire d'un amour maternelle, qui malgré la faim, la tristesse, la déception, reste infaillible. Inconditionnel, cette histoire d'amour nous tiraille entre humour, pathétique, stupéfaction, fascination. L'amour sans faille d'une femme qui se dévoue pour ce qu'elle a de plus précieux, l'amour aveugle d'une femme parmi tant d'autres qui ne peut rien face au bruit du ventre vide de ses filles, mit a part leur raconter des histoires extraordinaire sorties de son imagination branlante, imagination qui révèle ses propres rêves écroulés. L'artiste nous tient en haleine durant près de deux heures où on ne voit pas le temps s'écouler, ou elle occupe seule la scène, les regards rivés vers les danses qu'elle nous livre, les voies des habitués accompagnant ses répliques à en laisser plus d'uns pensifs en sortant de la salle. "Moi, Tatiana" (Amou Tati) est une introspection dans les souvenirs de la comédienne, des souvenirs formidablement retranscrit grâce a une mise en scène stupéfiante de Eric Checco. On veut tout voir, les changements de costumes, de personnages et on voit tout. Elle a remercié Eloquentia Saint-Denis de sa présence, mais c'est nous qui la remercions de nous avoir invités a assister ce spectacle qui mérite un standing ovation.
Voir plus