Edmond tronçonne Rostand
Je sors de la salle abasourdi : qu'est-ce qui, dans ce spectacle, a pu soulever un tel intérêt ? J’ai beau réfléchir, je ne vois pas.
Au niveau du texte, environ la moitié du spectacle, sinon les trois quarts, ont été pompés sur la pièce dont il s'inspire, et dont il reprend plus ou moins la trame, ajoutant çà et là quelques saillies ou anecdotes amusantes, mais facilement oubliables : la première séance de cinématographe, Sarah Bernhardt, Georges Feydeau, Anton Tchekhov (d’ailleurs très réussi)...
Tout cela ne vient pas combler le vide qui règne durant toute la représentation : les personnages ne sont pas creusés, l’intrigue est banale, les répliques et dialogues caricaturaux (quand ils ne sont pas plagiés)... tout cela est passable pour un téléfilm, mais insuffisant pour la scène.
Les acteurs quant à eux sont à l’image du texte, autant dire qu’il ne se passe pas grand-chose entre eux et nous (je fais mes réserves sur Pierre Forest et Guillaume Sentou, que je n’ai pas vus le soir où j’étais là).
Bref, on suit dix minutes, puis l’ennui s’installe ; et plutôt que ce "remplissage", on aurait préféré assister au vrai "Cyrano de Bergerac", dont on n’a droit ici qu’à quelques extraits, ignominieusement tronçonnés pour le plus grand déplaisir de ceux qui ont aimé la pièce d’Edmond Rostand.
Le spectacle pourra cependant plaire aux plus jeunes, car le rythme est soutenu (un peu trop peut-être), les plaisanteries nombreuses et les effets dramatiques faciles. Alexis Michalik suit la formule du "Porteur d’histoires" qui a fait son succès, mais il semble qu’il ait usé toutes ses ficelles, car ici la sauce ne prend pas. Comme on est loin de l’efficacité dont il avait su faire preuve ! "Le Cercle des illusionnistes" avait déjà ce problème, mais il arrivait encore à faire illusion (sans mauvais jeu de mot) ; ici c’est la débâcle.
Au final, on ne retiendra pas grand-chose de ce spectacle, si ce n’est l’envie de se replonger dans ces vers fabuleux écrits il y a plus d’un siècle par un jeune auteur qui, sans s’en douter, créa l’une des pièces les plus célèbres du répertoire français.
Pauvre Edmond !
Voir plus
Marcel V. - 28/10/2017