A en rester muet… malgré de grandes oreilles
Quiconque aime l'absurde sera servi avec cette pièce proprement indéfinissable, à la fois poétique, drôle, loufoque, parfois incompréhensible ou feignant de ne pas l'être. Ne cherchez pas le résumé de l'histoire, il n'existe pas ; ou alors si, disons qu'il est très court, quasiment inexistant puisque de ce que l'on peut en comprendre, il s'agit d'une composition à partir du concept de cadavre exquis. Profitons-en au passage pour préciser que cet exercice de style, qui provient du courant des surréalistes (Jacques Prévert ou André Breton, pour ne citer qu'eux), était initialement un divertissement consistant à ce que chaque participant au jeu écrive secrètement un morceau de phrase, avant d'unir ces pièces pour reconstituer un puzzle la plupart du temps sans queue ni tête mais, avec un peu de chance, amusant.
Avec des indications aussi obscures, faire le déplacement est un acte osé et engagé : il faut être non seulement curieux mais aussi téméraire ou bien inconscient. Sauf à vouloir admirer au moins l'un des deux artistes, Catherine Frot et Vincent Dedienne, dont l'association, elle aussi improbable, donne pourtant lieu à un duo énergique, sensible, touchant, agréable à voir autant qu'à écouter.
La succession de saynètes offre différents tableaux plus ou moins captivants, auxquels il n'est pas simple de rendre hommage car, on l'aura compris, le programme proposé s'observe plus qu'il ne se raconte.
Alors prenez votre vue et votre ouïe : ça va partir dans tous les sens, quitte à ce que ça n'en ait aucun !
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