Cruauté, quand tu nous tiens...
Dès le point de départ, on sait que Dostoïevski, ce n'est pas spécialement divertissant. En tout cas pas très drôle. Soit. Mais qu'importe, on compte sur la Comédie-Française pour faire passer la pilule. Et ce coup-ci, elle est restée en travers dans la gorge.
Nuançons : il y a évidemment du très bon, à commencer par les acteurs, parmi lesquels certains des meilleurs de la troupe. Et puis, comme à l'accoutumée, la mise en scène est d'une originalité incroyable, probablement même jamais vue. A l'aide d'un ingénieux dispositif pour filmer la scène sous plusieurs angles, les personnages se croisent sans se faire face et se parlent sans se regarder, mais la projection sur des écrans géants laisse penser le contraire. C'est totalement insolite, on ne peut pas le nier, et cela rend inévitablement le placement et le jeu déconcertants. Mais qu'est-ce que cela apporte aux spectateurs ? Rien. Voire la frustration de devoir regarder des toiles tirées pour comprendre l'histoire, plutôt que de plonger le regard directement sur les comédiens, ceux pour qui ils ont pourtant fait le déplacement...
Evidemment, le contexte obscur, sinistre, lugubre du texte n'est pas rendu plus attrayant par la durée de 2h30 sans entracte, qui pèse dans le temps comme dans les articulations. Sans même être passée par le purgatoire, la soirée, qui s'annonçait angélique, finit par être démoniaque...
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