Une pièce plus que parfaite
Quelle gageure que d'adapter l'universel Dostoïevski au théâtre. Un moment de pure transe. Une distribution remarquable. Le minimalisme du décor est pensé et ne pollue pas la scène. Les toilettes sont un somptueux arc-en-ciel et le jeu, est simplement magistral. L'acteur éponyme représente merveilleusement le prince Mychkine, il donne un visage à ce mélange de pureté et de fragilité, à cette volonté de transparence impossible dans un monde opaque et hypocrite. Sa fragilité se mue en force. Il est somptueux. Aglaé est d'une énergie et d'une force incroyable dans sa volonté de faire éclater son carcan bourgeois, comme Mychkine, elle enflamme les planches par sa fougue.
Nastassia est la Nastassia de toute éternité dans ses costumes écarlates, celle qui finira en blanc, séduisante séduite, celle que Mychkine aima d'un regard en une seconde en ne voyant qu'une reproduction d'elle : elle est "la candeur unie à la lubricité. Rogogyne, traité à maintes reprises de "moujik" incarne parfaitement ce que Bakhtine appela le carnavalesque de Dostoïevski., cet écart, cette dissonance dans un monde sans espoir : malgré le tragique de la représentation, on rit aussi aux éclats. Le général Epantchine est si juste, plein de componction et d'hypocrisie, grotesque comme Rogogyne. Madame Epantchine joue plusieurs rôles à merveille. Courez, volez , spectateurs, ne ratez point ce chef d'oeuvre !
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