Et la lumière fut...
Dans cette comédie dramatique sombre, une actrice cherche la sortie du tunnel, tiraillée entre la répétition d'une pièce dont la première approche et sa propre existence. Elle ne sait plus laquelle domine l'autre et se laisse engourdir dans ses tourments que même son entourage le plus proche ne parvient pas non plus à surmonter.
Dans cette dualité, le metteur en scène va un cran plus loin en s'immisçant sur le plateau pour reprendre les comédiens et faire intervenir le vrai public, avec notamment une partie filmée et retransmise en direct sur grand écran. La confusion règne entre ce qui est réalité et ce qui se veut fiction.
Frédéric Pierrot fait illusion sur le tournage, mais c'est évidemment pour Isabelle Adjani que la majorité de la foule s'est déplacée. Celle qui fait incontestablement partie des "plus grandes" démontre son immense expérience en incarnant un rôle difficile, où se mêlent introspection et expression, pudeur et douleur.
Aidée par une mise en scène étonnante, la puissance théâtrale ne fait pas de doute mais fait douter le spectateur, pris de vertiges et ne retrouvant ses esprits qu'au moment du salut, où les applaudissements résonnent dans la majestuosité de l'atypique Théâtre des Bouffes du Nord. L'impression flagrante est que la Reine ne doit pas uniquement cette ovation à la représentation qu'elle vient de donner. Non. A l'instar d'une cérémonie des Molières, c'est plutôt comme si elle recevait un hommage pour l'ensemble de sa carrière et de son œuvre. Touchant. Et face à sa réaction qui témoigne d'une véritable reconnaissance et d'une profonde humilité, les mains qui retentissent les unes contre les autres ne parviennent plus à s'arrêter. Emouvant. Mais surtout, dans les rangs comme sur les planches, plus personne ne souhaite et n'ose s'éclipser, sachant que le moment fatidique va pourtant bien devoir arriver. Poignant.
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